2014/05/26

Humour : pas trop vite...


L'âme est ce qui donne forme au corps


L'âme disparue, il n'y a plus d'animal et aucune des parties ne demeure la même, sinon seulement par la configuration extérieure, comme ceux qui, dans la légende, ont été changés en pierres; s'il en est ainsi, il appartiendra au naturaliste de parler de l'âme et d'en avoir la science, et sinon de toute l'âme, du moins de ce qui fait l'animal ce qu'il est; le naturaliste doit connaître ce qu'est l'âme, ou cette partie spéciale de l'âme, et tout ce qui accompagne son essence, d'autant plus que la nature se dit en deux sens: la matière et la forme. C'est cette dernière qui joue le rôle de moteur et de fin. C'est cela qu'est l'âme de l'animal, ou tout entière, ou une partie d'elle-même. 

Ainsi, il faut, dans l'étude de la nature, insister davantage sur l'âme que sur la matière, dans la mesure précisément selon laquelle c'est par l'âme que la matière est nature, et non l'inverse; en effet, le bois n'est lit et trépied, que parce qu'il est cela en puissance.

Aristote, Des parties des animaux

Le bonheur n'est pas l'amusement


Le bonheur ne consiste pas dans l'amusement; il serait absurde que l'amusement fût le but de la vie; il serait absurde de travailler durant toute la vie et de souffrir rien qu'en vue de s'amuser. On peut dire, en effet, de toutes les choses du monde, qu'on ne les désirent jamais que pour une autre chose, excepté toutefois le bonheur; car c'est lui qui est le but. Mais s'appliquer et se donner de la peine, encore une fois, uniquement pour arriver à s'amuser, cela parait aussi par trop insensé et par trop puéril. 

Selon Anacharsis, il faut s'amuser ou s'appliquer ensuite sérieusement, et il a entièrement raison. L’amusement est une sorte de repos; et comme on ne saurait travailler sans relâche, le repos est un besoin. Mais le repos n'est certes pas le but de la vie; car il n'a jamais lieu qu'en vue de l'acte qu'on veut accomplir plus tard. La vie heureuse est la vie conforme à la vertu; et cette vie est sérieuse et appliquée; elle ne se compose pas de vains amusements. Les choses sérieuses paraissent en général fort au-dessus des plaisanteries et des badinages, et l'acte de la partie la meilleure de nous, ou de l'homme le meilleur, passe toujours aussi pour l'acte le plus sérieux. Or, l'acte du meilleur vaut mieux aussi par cela même ; et il donne plus de bonheur.

Aristote

Définition de la vertu comme juste milieu


Ainsi donc, la vertu est une disposition à agir d'une façon délibérée, consistant en une médiété relative à nous, laquelle est rationnellement déterminée et comme la déterminerait un homme prudent. Mais c'est une médiété entre deux vices, l'un par excès et l'autre par défaut ; et c'est encore une médiété en ce que certains vices sont au-dessous et d'autres « au-dessus » du « ce qu'il faut » dans le domaine des affections aussi bien que des actions, tandis que la vertu, elle, découvre et choisit la position moyenne.

Aristote, Ethique à Nicomaque