2014/03/31

Humour : Si on pouvait faire ça...


Humour : On ferme ? On ferme !


Kant : À quoi un être humain devrait-il utiliser sa raison ?


« Dans la constitution naturelle d'un être organisé, c’est-à-dire d'un être conformé en vue de la vie, nous posons en principe qu'il ne se trouve pas d'organe pour une fin quelconque, qui ne soit du même coup le plus propre et le plus accommodé à cette fin. Or, si dans un être doué de raison et de volonté la nature avait pour but spécial sa conservation, son bien-être, en un mot son bonheur, elle aurait bien mal pris ses mesures en choisissant la raison de la créature comme exécutrice de son intention. Car toutes les actions que cet être doit accomplir dans cette intention, ainsi que la règle complète de sa conduite, lui auraient été indiquées bien plus exactement par l'instinct, et cette fin aurait pu être bien plus sûrement atteinte de la sorte qu'elle ne peut jamais l'être par la raison ; et si à une telle créature la raison devait par surcroît échoir comme une faveur, elle n'aurait dû lui servir que pour faire des réflexions sur les heureuses dispositions de sa nature, pour les admirer, pour s'en réjouir et en rendre grâces à la Cause bienfaisante, mais non pour soumettre à cette faible et trompeuse direction sa faculté de désirer et pour se mêler gauchement de remplir les desseins de la nature; en un mot, la nature aurait empêché que la raison n'allât verser dans un usage pratique et n'eût la présomption, avec ses faibles lumières, de se figurer le plan du bonheur et des moyens d'y parvenir; la nature aurait pris sur elle le choix, non seulement des fins, mais encore des moyens mêmes, et avec une sage prévoyance elle les eût confiés ensemble simplement à l'instinct.

Au fait, nous remarquons que plus une raison cultivée s'occupe de poursuivre la jouissance de la vie et du bonheur, plus l'homme s'éloigne du vrai contentement. Voilà pourquoi chez beaucoup, et chez ceux-là mêmes qui ont fait de l'usage de la raison la plus grande expérience, il se produit, pourvu qu'ils soient assez sincères pour l'avouer, un certain degré de misologie, c’est-à-dire de haine de la raison. En effet, après avoir fait le compte de tous les avantages qu'ils retirent, je ne dis pas de la découverte de tous les arts qui constituent le luxe ordinaire, mais même des sciences (qui finissent par leur apparaître aussi comme un luxe de l'entendement), toujours est-il qu'ils trouvent qu'en réalité ils se sont imposé plus de peine qu'ils n'ont recueilli de bonheur; aussi, à l'égard de cette catégorie plus commune d'hommes qui se laissent conduire de plus près par le simple instinct naturel et qui n'accordent à leur raison que peu d'influence sur leur conduite, éprouvent-ils finalement plus d’envie que de dédain. Et en ce sens il faut reconnaître que le jugement de ceux qui limitent fort et même réduisent à rien les pompeuses glorifications des avantages que la raison devrait nous procurer relativement au bonheur et au contentement de la vie, n'est en aucune façon le fait d'une humeur chagrine ou d'un manque de reconnaissance envers la bonté du gouvernement du monde, mais qu'au fond de ces jugements gît secrètement l'idée que la fin de leur existence est toute différente et beaucoup plus noble, que c'est à cette fin, non au bonheur, que la raison est spécialement destinée, que c'est à elle en conséquence, comme à la condition suprême, que les vues particulières de l'homme doivent le plus souvent se subordonner.

Référence : Kant, Fondements de la Métaphysique des Mœurs

Citation et Proverbe


Citation du jour
« L’arbre devient solide sous le vent. » Sénèque

Proverbe du jour
«  Tu peux rester immobile dans le courant d’une rivière mais pas dans le monde des hommes. » Proverbe japonais

2014/03/29

Humour : égalité homme-femme


Ouais... pas certain que c'est vrai !


Citation et Proverbe


Citation du jour
« Le bon vieux temps, c’est ici et maintenant. » Waitley

Proverbe du jour
«  Le coeur en paix voit une fête dans tous les villages. » Proverbe indien

2014/03/28

La philosophie en diagramme

(cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Référence : http://apprendre-la-philosophie.blogspot.ca/

Humour : psychiatrie


Freud : L'être humain, un être qui peut se faire des illusions sur ce qu'il est


« (…) Je voudrais exposer comment le narcissisme, l'amour-pro­pre de l'humanité en général a jusqu'à présent éprouvé, de par l'investigation scientifi­que, trois graves humiliations.

a) Au début de cette investigation, l'homme pensa d'abord que son habitation, la Terre, se tenait en repos au centre de l'univers, tandis que le soleil, la lune et les planètes se mouvaient dans des orbites circulaires autour de celle-ci. Il en croyait ainsi naïvement ses sens, car l'homme ne sent point le mouvement de la terre, et partout où il peut porter librement ses regards, il se trouve au centre d'un cercle qui renferme le monde extérieur. La position centrale de la terre lui était d'ailleurs une garantie du rôle prédominant de celle-ci dans l'univers et semblait en harmonie avec sa tendance à se sentir le seigneur de ce monde.
La ruine de cette illusion narcissique se rattache pour nous au nom et à l’œuvre de Nicolas Copernic, au XVIe siècle. Les pythagoriciens avaient, bien longtemps avant lui, eu des doutes sur cette situation privilégiée de la terre et Aristarque de Samos, dès le IIIe siècle avant J.-C., déclarait que la terre était plus petite que le soleil et qu'elle devait se mouvoir autour de cet astre. Ainsi, même la grande découverte de Copernic avait déjà été faite avant lui. Mais lorsqu'elle obtint l'assentiment général, l'amour-propre humain éprouva sa première humiliation, la cosmologique.

b) L'homme s'éleva, au cours de son évolution culturelle, au rôle de seigneur sur ses semblables de race animale. Mais, non content de cette prédominance, il se mit à creuser un abîme entre eux et lui-même. Il leur refusa la raison et s'octroya une âme immortelle, se targua d'une descendance divine qui lui permettait de déchirer tout lien de solidarité avec le monde animal. Cette présomption, ce qui est curieux, reste enco­re étrangère au petit enfant comme à l'homme primitif. Elle est le résultat d'une évolution ultérieure, à visées plus ambitieuses. L'homme primitif, au stade du toté­misme, ne trouvait nullement choquant de faire descendre son clan d'un ancêtre animal. Le mythe, qui contient le résidu de cette antique façon de penser, fait prendre aux dieux des corps d'animaux, et l'art des temps primitifs donne aux dieux des têtes d'animaux. 

(…) Nous savons tous que les travaux de Charles Darwin, de ses collaborateurs et de ses prédécesseurs, ont mis fin à cette prétention de l'homme voici à peine un peu plus d'un demi-siècle. L'homme n'est rien d'autre, n'est rien de mieux que l'animal, il est lui-même issu de la série animale, il est apparenté de plus près à certaines espèces, à d'autres de plus loin. Ses conquêtes extérieures ne sont pas parvenues à effacer les témoignages de cette équivalence qui se manifestent tant dans la conformation de son corps que dans ses dispositions psychiques. C'est là cependant la seconde humiliation du narcissisme humain : l'humiliation biologique.

c) La troisième humiliation, d'ordre psychologique, lui est cependant la plus sensible. L'homme, quelque rabaissé qu'il soit au-dehors, se sent souverain dans sa propre âme. Il s'est forgé quelque part, au cœur de son moi, un organe de contrôle qui sur­veille si ses propres émotions et ses propres actions sont conformes à ses exigences. Ne le sont-elles pas, les voilà impitoyablement inhibées et reprises (…). Dans certaines maladies et, de fait, justement dans les névroses, que nous étudions, il en est autrement. Le moi se sent mal à l'aise, il touche aux limites de sa puissance en sa propre maison, l'âme. Des pensées surgissent subitement dont on ne sait d'où elles viennent ; on n'est pas non plus capable de les chasser. Ces hôtes étrangers semblent même être plus forts que ceux qui sont soumis au moi; ils résistent à toutes les forces de la volonté qui ont déjà fait leurs preuves, restent insensibles à une réfutation logique, ils ne sont pas touchés par l'affirmation contraire de la réalité. (…) La psychanalyse entreprend d'élucider ces cas morbides inquiétants 

(…) Mais les deux clartés qu'elle nous apporte : savoir, que la vie instinctive de la sexualité ne saurait être complètement domptée en nous et que les processus psychiques sont en eux-mêmes inconscients, et ne deviennent accessibles et subordonnés au moi que par une perception incomplète et incertaine, équivalent à affirmer que le moi n'est pas maître dans sa propre maison. Elles constituent à elles deux la troisième humiliation de l'amour-propre humain, je l'appellerai la psychologique ».

Référence :Freud, Une difficulté de la psychanalyse 

Citation et Proverbe


Citation du jour
« En chinois, le mot crise est formé de deux caractères. L’un représente le danger. L’autre l’opportunité. » J. F. Kennedy

Proverbe du jour
«  La fin de quelque chose est toujours le commencement d’autres choses. » Proverbe chinois

2014/03/27

Donc, je peux faire quoi au juste ?


Humour philosophique


Humour philosophique


Citation et Proverbe


Citation du jour
« Le génie est fait d’un  pour cent d’inspiration et de quatre-vingt-dix-neuf pour cent de transpiration. » Thomas Edison

Proverbe du jour
«  D’autres ont planté ce que je mange, je plante ce que d’autres mangeront. » Proverbe persan

2014/03/26

2 têtes valent mieux qu'1


En tout cas... vous me comprenez !


Culture et Ignorance


Humour : musicien


Kant : Moyens et raisons de vivre


« La nature, en effet, ne fait rien de superflu et elle n'est pas prodigue dans l'usage des moyens pour atteindre ses fins. Qu'elle ait donné à l'homme la raison et la liberté du vouloir qui se fonde sur elle, c'était déjà l'indication de son intention en ce qui concerne la dotation de l'homme. Ce dernier devait dès lors ni être conduit par l'instinct, ni être pourvu et informé par une connaissance innée. Il devait bien plutôt tout tirer de lui-même. 

L'invention des moyens de se nourrir, de s'abriter, d'assurer sa sécurité et sa défense (pour lesquelles la nature ne lui a donné ni les cornes du taureau, ni les griffes du lion, ni les crocs du chien, mais seulement les mains), tous les divertissements, qui peuvent rendre la vie agréable, même son intelligence et sa prudence et même la bonté de la volonté, tout cela devait entièrement être son propre ouvrage. La nature semble ici s'être complue dans sa plus grande économie (…) comme si également elle avait eu plus à cœur l'estime de soi d'un être raisonnable que le bien-être ».

Référence : Kant, Idée d’une histoire universelle du point de vue cosmopolitique

Citation et Proverbe


Citation du jour
« L’homme supérieur pratique la vertu sans y songer, l’homme vulgaire la pratique avec intention. » Lao Zi

Proverbe du jour
«  Tu dois nourrir ta vie. » Proverbe chinois

2014/03/25

Thomas d'Acquin : Demandes, commandements et recommandations supposent que l'homme est libre


"L’homme est libre : sans quoi conseils, exhortations, préceptes, interdictions, récompenses et châtiments seraient vains. Pour mettre en évidence cette liberté, on doit remarquer que certains êtres agissent sans discernement comme la pierre qui tombe, et il en est aussi de tous les êtres privés du pouvoir de connaître. D’autres, comme les animaux, agissent par un discernement, mais qui n’est pas libre. En voyant le loup, la brebis juge bon de fuir, mais par un discernement naturel et libre, car ce discernement est l’expression d'un instinct naturel.

(…) Il en va de même pour tout discernement chez les animaux.
Mais l’homme agit par jugement, car c’est par le pouvoir de connaître qu’il estime devoir fuir ou poursuivre une chose. Et comme un tel jugement n’est pas l’effet d’un instinct naturel, mais un acte qui procède de la raison, l’homme agit par un jugement libre qui le rend capable de diversifier son action."

Référence : Thomas d'Aquin, Somme théologique

Humour noir


Citation et Proverbe


Citation du jour
« Je me trompe presque toujours si je juge les autres par moi-même. » Malbranche

Proverbe du jour
«  Ne viens pas avec ton règlement dans le monastère d’autrui. » Proverbe russe

2014/03/23

Heidegger : Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?


« Pourquoi donc y a-t-il l’étant et non pas plutôt rien ? » Telle est la question... Au cours de leur développement historique à travers le temps les individus, aussi bien que les peuples, posent beaucoup de questions. Ils recherchent, ils remuent, ils examinent quantité de choses, avant de se heurter à la question : « Pourquoi donc y a-t-il l’étant et non pas plutôt rien ? » Il arrive à beaucoup de ne jamais se heurter à cette question, s’il est vrai qu’il s’agit, non pas seulement d’entendre et de lire cette phrase interrogative comme simplement énoncée, mais de demander la question, c’est-à-dire de faire surgir son horizon, de la poser, de se forcer à pénétrer dans l’horizon de se questionner.

Et pourtant ! Chacun de nous se trouve quelque jour, peut-être même plusieurs fois, de loin en loin, effleuré par la puissance de cette question, sans d’ailleurs bien concevoir ce qu’il lui arrive. A certains moments de grand désespoir par exemple, lorsque les choses perdent leur consistance et que toute signification s’obscurcit, la question surgit. Peut-être ne nous a-t-elle touché qu’une fois, comme le son amorti d’une cloche, qui pénètre en notre être, et se perd de nouveau peu à peu. La question est là, dans une explosion de joie, parce qu’alors toutes choses sont métamorphosées et comme pour la première fois autour de nous, au point qu’il nous serait plus facile, semble-t-il, de concevoir qu’elles ne sont pas que de concevoir qu’elles sont, et sont dans l’état où elles sont. 

La question est là, dans un moment d’ennui, lorsque nous sommes également éloignés du désespoir et de l’allégresse, mais que le caractère obstinément ordinaire de l’étant fait régner une désolation dans laquelle il nous paraît indifférent que l’étant soit ou ne soit pas, ce qui fait de nouveau retentir sous une forme bien particulière la question : « Pourquoi donc y a-t-il l’étant et non pas plutôt rien ? »

Seulement, que cette question soit posée en propres termes ou que, sans être reconnue comme question, elle vienne traverser notre être comme une rafale passagère, qu’elle nous harcèle ou au contraire se laisse écarter et étouffer par nous sous un prétexte quelconque, il est certain que, parmi les questions, ce n’est jamais chronologiquement la première de toutes les questions que nous demandions.

Mais c’est la première question en un autre sens, à savoir quant à son rang. Ce qu’on peut rendre manifeste à un triple point de vue. La question : « Pourquoi donc y a-t-il l’étant et non pas plutôt rien ? » s’impose à nous comme occupant le premier rang, d’abord parce qu’elle est la plus vaste, ensuite parce qu’elle est la plus profonde, enfin parce qu’elle est la plus originaire.

C’est la question qui s’étend le plus loin. Elle ne s’arrête à aucun étant quel qu’il soit. C’est une question qui embrasse tout l’étant, c’est-à-dire, non seulement le donné actuel au sens le plus large, mais aussi ce qui fut auparavant et ce qui est à venir. Le domaine auquel s’applique cette question ne trouve sa limite que dans ce qui n’est jamais ni d’aucune façon, dans le néant. Tout ce qui n’est pas néant tombe sous le coup de cette question, et finalement le néant lui-même ; non qu’il soit quelque chose, un étant, du fait que nous en parlons tout de même, mais bien parce qu’il « est » le néant. 

L’étendue de notre question est si vaste que nous ne pouvons jamais aller au-delà. Nous n’interrogeons pas ceci ou cela, ni non plus tous les étants en les parcourant successivement, mais bien d’emblée l’étant tout entier, ou, pour employer des termes qui seront expliqués plus tard, l’étant en totalité comme tel.

Par cela même qu’elle est de cette façon-ci la plus vaste, cette question est aussi la plus profonde. Pourquoi donc y a-t-il l’étant? … Pourquoi, c’est-à-dire quel est le fondement ? De quel fondement l’étant est-il issu ? Sur quel fondement se tient l’étant ? Vers quel fondement l’étant se dirige-t-il ? La question n’interroge pas tel ou tel ceci ou cela dans l’étant, sur ce qu’il est ici ou là, sur la façon dont il est fait, sur ce qui peut le modifier, sur ses usages possibles, et ainsi de suite. Le questionner cherche le fondement de l’étant, en tant qu’il est étant. Chercher le fondement, chercher le fond, cela signifie : approfondir. Ce qui est mis en question vient se rapporter à son fondement, à son fond. Seulement, du fait du questionner lui-même, ceci reste ouvert, à savoir si ce fondement fonde véritablement, réalise la fondation, si c’est un fondement originaire (Ur-grund), ou bien si ce fondement refuse toute fondation, si c’est un abîme, un fond abyssal (Ab-grund), ou encore si ce fondement n’est ni l’un ni l’autre, mais donne seulement l’illusion, peut-être nécessaire, de fondation, si c’est un fond qui n’est pas un, un pseudo-fondement (Un-grund). 

Quoi qu’il en soit, la question cherche réponse dans un fondement qui fonde que l’étant est étant, en tant qu’il est étant (als ein solches das es ist). Cette question sur le pourquoi ne cherche pas pour l’étant des causes qui soient de même nature et sur le même plan que lui-même. Cette question sur le pourquoi ne se meut pas sur une quelconque surface ou superficie, elle pénètre dans le domaine situé « au fond », et cela jusqu’au point ultime, jusqu’à la limite ; elle se détourne de toute superficie ou platitude, elle s’efforce vers le profond ; en tant qu’elle est la plus vaste, elle est en même temps, parmi les questions profondes, la plus profonde.

En tant qu’elle est la plus vaste et la plus profonde, cette question est finalement la plus originaire. Qu’entendons-nous par là ? Si nous considérons notre question dans toute l’ampleur de ce qu’elle met en question, à savoir l’étant comme tel en totalité, nous nous trouvons sans doute facilement en présence de ce qui suit : dans la question, nous tenons tout à fait éloigné de nous tout étant particulier et singulier en tant qu’il est précisément ceci ou cela. Nous considérons l’étant dans sa totalité, sans privilégier aucun étant en particulier. 

Seulement, chose curieuse, un étant ne cesse de se présenter avec insistance dans ce questionner : les hommes qui posent cette question. Mais il ne doit pas s’agir d’un quelconque étant particulier dans cette question. En raison de sa portée illimitée, tous les étants sont équivalents. Un quelconque éléphant, dans une quelconque forêt vierge aux Indes, est aussi bien étant qu’un quelconque processus chimique de combustion sur la planète Mars, ou tout ce qu’on voudra.

Si donc nous voulons poursuivre la question : « Pourquoi donc y a-t-il l’étant et non pas plutôt rien ? » jusqu’au bout et comme il faut suivant sa signification questionnante, nous devons nous abstenir de mettre en évidence tel étant particulier déterminé, et aussi de nous référer à l’homme. Car qu’est-ce que cet étant ? Représentons-nous la terre dans l’univers à l’intérieur de l’immensité obscure de l’espace. En comparaison, elle est un minuscule grain de sable, et jusqu’au plus proche grain de sable de même grandeur s’étend un kilomètre, et plus, de vide ; à la surface de ce minuscule grain de sable vit dans l’abrutissement un amas confus et rampant d’animaux supposés raisonnables, qui ont inventé pour un instant la connaissance (cf. Nietzsche, Sur la vérité et le mensonge en un sens extramoral, 1873). 

Et qu’est-ce que l’extension temporelle d’une vie d’homme dans la voie du temps avec ses millions d’années ? A peine une saccade de l’aiguille des secondes, un bref mouvement respiratoire. A l’intérieur de l’étant dans son ensemble, on ne peut trouver aucune raison de mettre en évidence précisément cette région de l’étant qu’on appelle l’homme, et à laquelle nous appartenons nous-mêmes par hasard.

Mais du fait que l’étant dans son ensemble se trouve à un moment quelconque introduit dans la susdite question, le « questionner » va à lui, et lui à ce questionner, et tous deux participent ainsi à une relation remarquable parce que unique en son genre. Car c’est par ce questionner que l’étant dans son ensemble est pour la première fois ex-posé comme tel et en direction de son fondement possible, et maintenu ouvert dans le questionner. Le questionner de cette question n’est pas, relativement à l’étant comme tel dans son ensemble, une quelconque occurrence (Vorkommnis) arbitraire à l’intérieur de l’étant, comme par exemple la chute des gouttes de pluie. 

La question sur le pourquoi se place pour ainsi dire en face de l’étant dans son ensemble, et par là s’en dégage, quoique jamais complètement. Mais c’est précisément à cela que ce questionner doit sa situation privilégiée. Du fait qu’il se situe en face de l’étant dans son ensemble, mais cependant sans échapper à son étreinte, ce qui est demandé dans cette question rejaillit sur le questionner lui-même. 

Pourquoi le pourquoi ? Sur quoi se fonde elle-même la question sur le pourquoi, qui prétend placer l’étant en totalité dans son fondement ? Est-ce que ce pourquoi est encore lui aussi un questionner sur le fondement provisoire (Vordergrund), de sorte qu’on chercherait toujours un nouvel étant devant le fonder ? Est-ce à dire que cette « première » question, si on la compare à la question de l’être avec ses diverses transformations, n’est tout de même pas la première selon le rang ?

Certes, la question : « Pourquoi donc y a-t-il l’étant et non pas plutôt rien ? » soit posée ou non, cela n’affecte en rien l’étant lui-même. Les planètes n’en suivent pas moins leurs cours. L’élan vital ne s’en épanouit pas moins à travers le monde végétal et animal.

Mais, si cette question vient à être posée, alors, dans ce questionner, s’il est réellement accompli, a lieu nécessairement un rejaillissement, à partir de ce qui est demandé et de ce qui est interrogé (gefragt und befragt), sur le questionner lui-même. Il en résulte que ce questionner n’est pas une quelconque démarche arbitraire, mais une occurrence remarquable, que nous appelons un événement (Geschehnis). »

Référence : Heidegger, Introduction à la métaphysique

Citation et Proverbe


Citation du jour
« La liberté intérieure est la seule porte menant à la satisfaction extérieure. » Sri Chinmoy

Proverbe du jour
«  Il n’y a pas de malheur pire que celui qu’on a. » Proverbe inconnu

2014/03/22

Nietzsche : Pour qui, pour quoi, chacun travaille-t-il ?

« Dans la glorification du « travail », dans les infatigables discours sur la « bénédiction du travail », je vois la même arrière-pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce qui est individuel. 

Au fond, on sent aujourd'hui, à la vue du travail - on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir -, qu'un tel travail constitue la meilleure des polices, qu'il tient chacun en bride et s'entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance. 

Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l'amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société où l'on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité : et l'on adore aujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême. - Et puis! épouvante! Le « travailleur », justement, est devenu dangereux! Le monde fourmille d'« individus dangereux » ! Et derrière eux, le danger des dangers – l'individuum».

Référence : Nietzsche, Aurore

Humour : science


Citation et Proverbe


Citation du jour
« Avec une campagne de presse bien menée, au bout de deux mois, les Français croiraient en Dieu. » Maurice Donnay

Proverbe du jour
« Au chef, il faut des hommes et aux hommes, un chef. » Proverbe africain

2014/03/20

Kant : Qu'est-ce qu'un être vivant?

« (...) Dans une montre un rouage ne peut en produire un autre et encore moins une montre d'autres montres, en sorte qu'à cet effet elle utiliserait (elle organiserait) d'autres matières ; c'est pourquoi elle ne remplace pas d'elle-même les parties, qui lui ont été ôtées, ni ne corrige leurs défauts dans la première formation par l'intervention des autres parties, ou se répare elle-même, lorsqu'elle est déréglée : or tout cela nous pouvons en revanche l'attendre de la nature organisée. Ainsi un être organisé n'est pas simplement machine, car la machine possède uniquement une force motrice ; mais l'être organisé possède en soi une force formatrice qu'il communique aux matériaux, qui ne la possèdent pas (il les organise) : il s'agit ainsi d'une force formatrice qui se propage et qui ne peut pas être expliquée par la seule faculté de mouvoir (le mécanisme)».

Kant, Critique de la faculté de juger 

Citation et Proverbe


Citation du jour
« Nul n’est sage à moins d’être heureux. » Saint-Augustin

Proverbe du jour
« Les miracles sont accomplis par les hommes unis. » Proverbe inconnu

2014/03/18

La retraite


J'ai trouvé ce petit bijou sur internet. Il fallait que je le mette ici. C'était trop bon !

Mon nom est disons Robert... De plus en plus de gens entrent dans l'âge de la retraite. Ce n'est pas facile pour tout le monde. Mais voici quelques conseils, suite à mon expérience personnelle. À mesure que votre femme vieillit, soyez plus patient avec elle. Les hommes doivent savoir qu'à mesure que les femmes vieillissent, il devient de plus en plus difficile pour elles de maintenir la même qualité dans les tâches domestiques. Il faut savoir composer avec cette nouvelle situation. 

Quand j'ai pris ma retraite anticipée, ma femme a décroché un emploi à temps plein comme téléphoniste dans un bureau de comptables pour nous aider à arrondir nos fins de mois et payer surtout ses médicaments. Elle en consomme beaucoup. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à réaliser qu'elle tirait de la patte et qu'elle fatiguait vite. Tenez. 

Quand je rentre du golf, en fin d'après-midi, à peu près au même moment où ma femme revient du travail, souvent le repas n'est pas prêt. Bien entendu, je lui dis de prendre son temps et que je vais en profiter pour faire une sieste. Elle n'aura qu'à me réveiller quand le repas sera sur la table. 

Elle avait l'habitude de faire la vaisselle immédiatement après les repas. Maintenant, très souvent, elle néglige de le faire. C'est vraiment désagréable. Alors, quand on est assis devant la télévision, pendant les publicités, je dois la motiver et lui rappeler que la vaisselle ne se lavera pas toute seule. 

Maintenant qu'elle vieillit, elle semble se fatiguer beaucoup plus rapidement. Notre lessiveuse et le séchoir se trouvent au sous-sol. Parfois, elle me dit qu'elle ne peut plus descendre les marches. " Ne fais pas un drame avec ça, que je lui dis. Je n'ai pas besoin de chemises avant la semaine prochaine pour le golf et les cartes. Le repassage peut attendre. Je suis vraiment conciliant. 

En plus ça lui laisse tout le temps qu'il faut pour les petites besognes telles donner le shampoing au chien, passer l'aspirateur ou faire l'époussetage. J'ai d'ailleurs remarqué qu'il y a de la poussière au dessus du frigo. C’est embêtant mais il faut bien que quelqu’un le fasse. 

Évidemment, comme elle travaille dans un bureau, elle se plaint de manquer de temps, le midi, pour aller payer les factures, faire les petites commissions, etc. Je lui ai dit que c'est l'occasion rêvée pour commencer un régime puisqu'elle est un peu ronde et peut avantageusement sauter le repas de midi. Et puis, au lieu d'aller à la gym le samedi, elle n'a qu'à courir, la semaine, pour faire les commissions. En plus, on épargnera l'argent de l'abonnement au club de gym. Ça coûte cher ces choses-là. 

Même en faisant de petites tâches, elle semble avoir besoin de plus en plus de repos. Par exemple, il lui faut maintenant deux jours pour faire la pelouse, mais je ne dis pas un mot. Par contre, mon frère et ses enfants sont venus à la maison, la semaine dernière et je n'ai pas apprécié son commentaire sur le gazon qu'il trouvait un peu long. J'en ai parlé à ma femme. Mais, rassurez-vous, avec délicatesse. Je pense qu'elle a bien compris le message. 

Le secret ? Il faut toujours rester calme et très patient. Je l'accompagne dans sa vieillesse. C'est difficile pour le conjoint. Pour bien des hommes, la tâche serait insurmontable. Souvent, c'est l'enfer. Mais il faut toujours rester calme. Personne autant que moi ne sait combien les femmes peuvent devenir frustrantes quand elles vieillissent. 

Messieurs, faites donc comme moi. Soyez patients. Ne criez pas ! 

Frank votre spécialiste sur la retraite. 



Notes de l'éditeur :
Les funérailles de Robert eurent lieu samedi le 2.
Sa femme fut acquittée lundi le 4…….. 

Prose : Que penserions-nous à 1000 lieux d'ici ?


J'ai perdu pied sur la terre il y a de ça belle lurette.
Je vois maintenant de loin cette terre et les autres astres de près.
Je suis conscient que je n'étais rien qu'un grain de pollen
Qui virevoltait dans un vent venu de nulle part, du ciel divin.

Les frontières n'existent plus, n'auraient jamais dû exister d'ailleurs.
Je me sens vide mais plein d'une conscience hors de l'ordinaire
Le quotidien n'a plus d'importance, tout est relatif, je le crois maintenant.
À cette distance, je ne suis plus ou plutôt je ne suis plus ce que je pensais être.

Le vide de l'espace est rempli de mon vide que je croyais intérieur.
Je suis seul, loin mais loin de quoi, loin d'un point lumineux parmi tant d'autres.
Et moi qui croyait que la distance n'avait d'importance que lorsque grande
Maintenant qu'elle est immense elle n'est rien par rapport au grand tout.

Le temps n'existe plus ni la vie on dirait, serait-ce ceci la mort.
L'espace est tellement grand vu d'ici, ce que j'ai appris était faux.
Curieux comment on arrive à changer notre perception des choses parfois.
Une distance infime par rapport à l'ensemble qui change tout notre être.

J'espère ne jamais revenir sur cette terre de pierre et d'humains inhumains.
La vie se résume à quoi à cette distance, à une tête d'épingle sur l'horizon.
Même le mouvement de tout semble être arrêtée, tout bouge mais lentement
Rien à voir avec l'enseignement de nos religions, de notre science enfantine.

Je ne suis rien et pourtant j'existe, libre comme un tas d'atomes libres...ni plus, ni moins.

Humour : Pourquoi je n'y ai pas pensé avant ?




Hegel : L'être humain cherche dans le réel « une forme extérieure de sa propre réalité »


« Les choses de la nature n'existent qu'immédiatement et d'une seule façon, tandis que l'homme, parce qu'il est esprit, a une double existence ; il existe d'une part au même titre que les choses de la nature, mais d'autre part il existe aussi pour soi, il se contemple, se représente à lui-même, se pense et n'est esprit que par cette activité qui constitue un être pour soi. 

Cette conscience de soi, l'homme l'acquiert de deux manières : 
  • Primo, théoriquement, parce qu'il doit se pencher sur lui-même pour prendre conscience de tous les mouvements, replis et penchants du cœur humain et d'une façon générale se contempler, se représenter ce que la pensée peut lui assigner comme essence, enfin se reconnaître exclusivement aussi bien dans ce qu'il tire de son propre fond que dans les données qu'il reçoit de l'extérieur. 
  • Deuxièmement, l'homme se constitue pour soi par son activité pratique, parce qu'il est poussé à se trouver lui-même, à se reconnaître lui-même dans ce qui lui est donné immédiatement, dans ce qui s'offre à lui extérieurement. Il y parvient en changeant les choses extérieures, qu'il marque du sceau de son intériorité et dans lesquelles il ne retrouve que ses propres déterminations. 
L'homme agit ainsi, de par sa liberté de sujet, pour ôter au monde extérieur son caractère farouchement étranger et pour ne jouir des choses que parce qu'il y retrouve une forme extérieure de sa propre réalité. Ce besoin de modifier les choses extérieures est déjà inscrit dans les premiers penchants de l'enfant: le petit garçon qui jette des pierres dans le torrent et admire les ronds qui se forment dans l'eau, admire en fait une œuvre où il bénéficie du spectacle de sa propre activité. »

Référence : Hegel

Citation et Proverbe


Citation du jour
« C’est une grande misère que de n’avoir pas assez d’esprit pour bien parler, ni assez de jugement pour se taire. » La Bruyère

Proverbe du jour
« Il y a un temps pour ne rien dire, il y a un temps pour parler, mais il n’y a pas un temps pour tout dire. » Proverbe latin

2014/03/17

Le but de la vie : "Être" et non "Faire"


« La question du but de la vie humaine a été posée d'innombrable fois ; elle n'a jamais encore reçu de réponse satisfaisante. Peut-être n'en comporte-t-elle aucune. Maints de ces esprits "interrogeants" qui l'ont posée ont ajouté : s'il était avéré que la vie n'eût aucun but, elle perdrait à nos yeux toute valeur. Mais cette menace n'y change rien. Il semble bien plutôt qu'on ait le droit d'écarter la question. Elle nous semble avoir pour origine cet orgueil humain dont nous connaissons déjà tant d'autres manifestations. On ne parle jamais du but de la vie des animaux, sinon pour les considérer comme destinés à servir l'homme. Mais ce point de vue lui aussi est insoutenable, car nombreux sont les animaux dont l'homme ne sait que faire - sauf les décrire, les classer et les étudier (1) - et des multitudes d'espèces se sont d'ailleurs soustraites à cette utilisation par le fait qu'elles ont vécu et disparu avant même que l'homme ne les ait aperçues. Il n'est décidément que la religion pour savoir répondre à la question du but de la vie. On ne se trompera guère en concluant que l'idée d'assigner un but à la vie n'existe qu'en fonction du système religieux (2). »

Extrait de "Malaise dans la civilisation" de Freud
  1. J'ajouterais à cette citation que l'homme ne sait que faire plus occuper à les manger qu'à les respecter !
  2. Je complèterais que non seulement la religion a tenté de trouver une réponse une raison d'être mais que la philosophie s'y adresse aussi en y trouvant une façon de bien être. La religion nous dit ce que l'on doit faire et est plus expéditive tandis que la philosophie ce que l'on devrait et est plus moraliste.

Citation et Proverbe


Citation du jour
« Celui qui ne sait pas se taire, il ne sait pas non plus parler. » Sénèque

Proverbe du jour
« On ne peut marcher en regardant les étoiles lorsqu’on a une pierre dans son soulier. » Proverbe Chinois

2014/03/16

Aristote : Pourquoi l'humain a-t-il des mains ?

Voilà une réponse à une question qui semble évidente mais attendez de voir comment Aristote la résout :

« Ce n'est pas parce qu'il a des mains que l'homme est le plus intelligent des êtres, mais c'est parce qu'il est le plus intelligent qu'il a des mains. En effet, l'être le plus intelligent est celui qui est capable de bien utiliser le plus grand nombre d'outils : or, la main semble bien être non pas un outil, mais plusieurs. Car elle est pour ainsi dire un outil qui tient lieu des autres. C'est donc à l'être capable d'acquérir le plus grand nombre de techniques que la nature a donné l'outil de loin le plus utile, la main. Aussi, ceux qui disent que l'homme n'est pas bien constitué et qu'il est le moins bien rétribué des animaux (parce que, dit-on, il est sans chaussures, il est nu et il n'a pas d'armes pour combattre) sont dans l'erreur. Car les autres animaux n'ont chacun qu'un seul moyen de défense et il ne leur est pas possible de le changer pour faire n'importe quoi d'autre, et ne doivent jamais déposer l'armure qu'ils ont autour de leur corps ni changer l'arme qu'ils ont reçue en partage. L'homme, au contraire, possède de nombreux moyens de défense, et il lui est toujours loisible d'en changer et même d'avoir l'arme qu'il veut et quand il le veut. Car la main devient griffe, serre, corne, ou lance, ou épée, ou toute autre arme ou outil. Elle peut être tout cela, parce qu'elle est capable de tout saisir et de tout tenir. La forme même que la nature a imaginée pour la main est adaptée à cette fonction. Elle est, en effet, divisée en plusieurs parties. Et le fait que ces parties peuvent s'écarter implique aussi pour elles la faculté de se réunir, tandis que la réciproque n'est pas vraie. Il est possible de s'en servir comme d'un organe unique, double ou multiple. »

L'instant présent et la souffrance


Voici une bonne parole d'Eckhart Tolle :

"La plus grande partie de la souffrance humaine est inutile. On se l’inflige à soi-même aussi longtemps que, à son insu, on laisse le mental prendre le contrôle de sa vie.La souffrance que vous créez dans le présent est toujours une forme de non-acceptation, de résistance inconsciente à ce qui est. Sur le plan de la pensée, la résistance est une forme de jugement. Sur le plan émotionnel, c’est une forme de négativité. L’intensité de la souffrance dépend du degré de résistance au moment présent, et celle-ci, en retour, dépend du degré d’identification au mental. Le mental cherche toujours à nier le moment présent et à s’en échapper. Autrement dit, plus on est identifié à son mental, plus on souffre. On peut également l’énoncer ainsi: plus on est à même de respecter et d’accepter le moment présent, plus on est libéré de la douleur, de la souffrance et du mental.

Pourquoi le mental a-t-il tendance à nier l’instant présent ou à y résister? Parce qu’il ne peut fonctionner et garder le contrôle sans le temps, c’est-à-dire sans le passé et le futur. Il perçoit donc l’intemporel instant présent comme une menace. En fait, le temps et le mental sont indissociables.

Imaginez la Terre dépourvue de toute vie humaine et n’abritant que plantes et animaux. Y aurait-il encore un passé et un futur? Parler du temps aurait-il encore un sens? La question "Quelle heure est-il?" ou "Quelle date sommes-nous?" – s’il y avait quelqu’un pour la poser – serait vraiment insignifiante. Le chêne ou l’aigle resteraient perplexes devant une telle question. "Quelle heure?" demanderaient-ils. "Euh, bien entendu, il est…maintenant. Nous sommes maintenant. Existe-t-il autre chose?".

Bien sûr, pour fonctionner en ce monde, nous avons besoin du mental ainsi que du temps. Mais vient un moment où ils prennent le contrôle de notre vie, et c’est alors que s’installent le dysfonctionnement, la souffrance et le chagrin.

Pour assurer sa position dominante, le mental cherche continuellement à dissimuler l’instant présent derrière le passé et le futur. Par conséquent, lorsque la vitalité et le potentiel créatif infini de l’Être, indissociable du moment présent, sont jugulés par le temps, votre nature véritable est éclipsée par le mental. Une charge de temps de plus en plus lourde s’accumule sans cesse dans l’esprit humain. Tous les individus pâtissent sous ce fardeau, mais ils continuent aussi de l’étoffer chaque fois qu’ils ignorent ou nient ce précieux instant, ou le réduisent à un moyen d’arriver à quelque instant futur qui n’existe que dans le mental, jamais dans la réalité. L’accumulation de temps dans le mental humain, collectif et individuel comporte également, en quantité immense, des résidus de souffrance passée.

Si vous ne voulez plus créer de souffrance pour vous-même et pour d’autres, si vous ne voulez plus rien ajouter aux résidus de cette souffrance passée qui vit encore en vous, ne créez plus de temps, ou du moins, n’en créez pas plus qu’il ne vous en faut pour faire face à la vie de tous les jours. Comment cesser de créer du temps? Prenez profondément conscience que le moment présent est toujours uniquement ce que vous avez. Faites de l’instant présent le point de mire principal de votre vie. Tandis qu’auparavant vous habitiez le temps et accordiez de petites visites à l’instant présent, faites du "maintenant" votre lieu de résidence principal et accordez de brèves visites au passé et au futur lorsque vous devez affronter les aspects pratiques de votre vie. Dites toujours "oui" au moment présent. Qu’y aurait-il de plus futile, de plus insensé, que de résister intérieurement à ce qui est déjà? Qu’y a-t-il de plus fou que de s’opposer à la vie même, qui est maintenant, toujours maintenant? Abandonnez-vous à ce qui est. Dites "oui" à la vie et vous la verrez soudainement se mettre à fonctionner pour vous plutôt que contre vous."
Extrait du livre : Le pouvoir du moment présent d'Eckart Tolle

Pour supporter ceci, une pensée de Marc-Aurèle, empereur et ensuite philosophe romain pour démontrer la véracité de la chose et que le principe de l'importance du temps présent n'est pas nouveau mais de tous les temps : "Ce qui importe c’est le présent, ce n’est ni le futur, ni le passé qui te sont à charge, mais toujours le présent".

Citation et Proverbe


Citation du jour
« L’arbre devient solide sous le vent. » Sénèque

Proverbe du jour
« Les pierres font partie du chemin. » Proverbe Roumain

2014/03/15

Montesquieu : Des plaisirs de la symétrie


Curieux comment l'humain peut apprécier davantage les choses symétriques, c-à-d., dont les formes se répètent de façon similaire et ordonnée et parfois même dans un chaos apparent. Curieux en effet. Mais Montesquieu peut l'exprimer mieux que je ne le saurais faire... À toi, Montesquieu :

"J’ai dit que l’âme aime la variété ; cependant, dans la plupart des choses, elle aime à voir une espèce de symétrie. Il semble que cela renferme quelque contradiction : voici comment j’explique cela.

Une des principales causes des plaisirs de notre âme lorsqu’elle voit des objets, c’est la facilité qu’elle a à les apercevoir : et la raison qui fait que la symétrie plaît à l’âme, c’est qu’elle lui épargne de la peine, qu’elle la soulage, et qu’elle coupe pour ainsi dire l’ouvrage par la moitié.

De là suit une règle générale. Partout où la symétrie est utile à l’âme, et peut aider ses fonctions, elle lui est agréable ; mais partout où elle est inutile, elle est fade, parce qu’elle ôte la variété. Or les choses que nous voyons successivement doivent avoir de la variété ; car notre âme n’a aucune difficulté à les voir. Celles au contraire que nous apercevons d’un coup d’œil doivent avoir de la symétrie : ainsi, comme nous apercevons d’un coup d’œil la façade d’un bâtiment, un parterre, un temple, on y met de la symétrie, qui plaît à l’âme par la facilité qu’elle lui donne d’embrasser d’abord tout l’objet.

Comme il faut que l’objet que l’on doit voir d’un coup d’œil soit simple, il faut qu’il soit unique, et que les parties se rapportent toutes à l’objet principal ; c’est pour cela encore qu’on aime la symétrie ; elle fait un tout ensemble.

Il est dans la nature qu’un tout soit achevé, et l’âme qui voit ce tout, veut qu’il n’y ait point de partie imparfaite. C’est encore pour cela qu’on aime la symétrie ; il faut une espèce de pondération ou de balancement : et un bâtiment avec une aile, ou une aile plus courte qu’une autre, est aussi peu fini qu’un corps avec un bras, ou avec un bras trop court."

Humour : Une toilette en terme... informatique


Citation et Proverbe


Citation du jour
« La vie nous donne exactement ce que nous lui demandons. Mais il faut commencer par lui demander exactement ce que nous voulons (...). » Marc Fisher

Proverbe du jour
« Rougissez de vos défauts et non de vous en corriger. » Proverbe sanskrit

2014/03/14

Humour : Amateur et fière de l'être !


Humour : Une station...


Existe-il une façon de vivre honnêtement ?


La vie est tout simplement incompréhensible pour la plupart d'entre-nous. Nous sommes par contre libre et nous devons en prendre conscience. Chacun peut et doit décider comment mener sa vie et chacun doit assumer la responsabilité de ses actes jusqu'au bout. En serait-il autrement que les choses se passeraient de toute façon ainsi.
 
La question du bien et du mal doit toujours être considérée d'un point de vue individuel plutôt qu'universel car tout est relatif. Qui peut vraiment dire ce qui est bien ou ce qui est mal ? La seule limite étant que le bien de l'un ne doit pas perturber le bien de l'autre sans quoi il devient du mal. Même le mal pour soi n'est pas réellement du mal puisqu'il est volontairement accepté et normalement nous ne nous faisons pas du mal par plaisir, j'ai dit normalement !
 
Le but ultime de l'humain est de vivre aussi bien que cela lui est possible. Il faut donc s'enquérir de toutes les vertus en suivant le juste milieu entre les extrêmes à la méthode de Descartes. Par exemple, et je dit bien tenons ceci pour un seul exemple, que le courage est le point milieu entre l'imprudence et la lâcheté. Les 2 étant à éviter, le point milieu est le plus sûre tout en étant incertain.
 
Le bien ultime est le plaisir et le plus grand des maux est la douleur à éviter en tant que souffrance sous toutes ses formes. Il faut faire de notre but la recherche des plaisirs naturels et nécessaires tout en surmontant la peur démentielle de la mort. L'homme a été mis dans le monde où il doit ensuite faire face aux problèmes de l'être. Il n'y a aucun sens en dehors de nous qui puisse nous aider à accepter notre existence. C'est la prise de conscience de cette situation qui provoque la peur. C'est à chacun de trouver une façon d'être pour résoudre ce problème.
 
Mener une vie simple (communément appelée la simplicité volontaire et même au de-là), dépouillée de tout luxe superficiel ou profond et de désirs de biens matériels, est la clé du bonheur. Nous devrions ne rien vouloir de plus que satisfaire nos besoins nécessaires. Rappelons que les besoins sont les choses dont notre vie dépend et non les désirs à renouveler constamment à cœur de jour !
 
Les véritables penseurs doivent être capables de créer leurs propres vérités et leur propre moralité dont nous avons tous accès. Nous sommes les penseurs et nous sommes les décideurs et nous sommes les agisseurs de notre moralité !!!