Socrate (S) était un philosophe grec réputé pour sa sagesse et il avait comme élève un dénommé Platon.
Un jour qu'il se promenait sur l'agora, il fut abordé par un citoyen (C) qui lui dit ceci :
- (C) Socrate ! Tu sais ce que je viens juste d'apprendre à propos d'un de tes élèves ?
- (S) Attention, lui dit Socrate, avant de dire quoi que ce soit, il faut que tu passes le test du triple filtre.
- (C) Triple filtre ? Mais qu'est-ce que c'est ?
- (S) Avant que tu ne me parles d'un de mes élèves, ce serait bien que tu filtres ce que tu vas dire.
- (S) Le premier filtre est le filtre VÉRITÉ. Es-tu absolument certain que ce que tu vas me dire est vrai ?
- (C) Je l'ai juste entendu dire.
- (S) Bien, tu n'es donc pas certain que ce que tu vas dire est la vérité. Le second filtre est la BONTÉ. Ce que tu as à me dire est-il bon pour mon élève ?
- (C) Pas exactement.
- (S) Donc, tu veux me dire quelque chose de désagréable pour mon élève sans être sûr que ce soit vrai.
- (S) Essayons le troisième filtre de l'UTILITÉ. Ce que tu veux me dire est-il utile pour moi ?
- (C) C'est difficile à dire, plutôt non, en réalité.
- (S) Tu veux donc dire donc que tu souhaites me confier quelque chose de désagréable sur mon élève, qui ne me sera d'aucune utilité et dont tu n'es pas sûr. Ne crois-tu pas qu'il vaut mieux, dans ce cas, que tu te taises ?
- (C) Oui Socrate, je vois bien que tu as raison. Je me tairai donc.
C'est par ce genre de raisonnement que Socrate est passé à la postérité comme un grand sage.
Mais... c'est aussi à cause de ce genre d'attitude qu'il n'a jamais su que son élève Platon couchait avec sa femme !!!
Nous avons tous une conscience d’être, d’être vivant, d’être ce que nous sommes, d’être dans un corps, de ce qui nous entoure, que nous sommes à quelque part. Non seulement nous sommes conscient mais nous sommes conscient de nous-mêmes. Nous pouvons réfléchir sur nous-mêmes, ce qui est assez exceptionnel en soi. Je suis celui qui s’interroge et celui qui réponds à l’interrogation. Nous pouvons nous mentir à nous-mêmes donc il y a effectivement 2 ‘personnes’ en nous.
Dans l’ensemble, il semblerait qu’une des différences entre l’animal et l’homme au niveau de la conscience est que l’homme adapte son environnement alors que l’animal s’y adapte. D’où le besoin de la pensée pour imaginer avant de transposer celle-ci en un environnement pour répondre à ses besoins.
Sommes-nous une conscience dans un corps ? Sommes-nous une partie intégrante de ce corps ? Ce corps nous appartient-il en propre ou si nous ne faisons que l’habiter temporairement le temps d’une vie terrestre ?
Si notre conscience est une partie séparée de notre corps ou plutôt du corps que nous habitons, il y a une séparation entre les deux qui peut très bien générer une fausse perception. Ainsi, je pense que je suis ce que j’ai la conscience d’être mais mes sens peuvent très bien me tromper s’ils sont tous très bien synchronisés dans l’illusion. Mes sens peuvent très bien être corrects dans leur fonctionnement mais c’est peut-être mon cerveau qui interprète mal les signaux perçus. Ainsi, je ne suis pas du tout ce que j’ai conscience d’être. Nous sommes tous en proie à l’illusion de nos sens même si nous les utilisons avec circonspection.
Sommes-nous notre conscience ou si ce n’est pas ce que l’on appelle tout simplement le 6ième sens que l’on cherche tant à identifier ?
Donc, peut-être nous ne serions pas notre corps, nous percevrions de mauvais signaux, on les interprèterait de façon erronée et la conscience qui nous permet d’en être conscient serait elle aussi un outil qui pourrait générer des illusions de façon admirable ? Avec tous ces intermédiaires, comment pouvons-nous être certain d’être ce que nous sommes en tout temps et sinon, quel genre de conscience avons-nous de l’Univers ? Les possibilités d’erreurs sont tellement grandes et nombreuses que la réalité dont nous sommes soi-disant conscient est peut-être tout autre.
La conscience de soi, la conscience d’être ici et maintenant associée à la réflexion sur nous-mêmes, réfléchir en dedans de nous, cela nous suffit-il pour découvrir ce que nous sommes vraiment ?
Comment la pensée passe de notre inconscient à notre conscience ? La matière obéit à des lois qui sont fixés à l’avance et qui sont fixes mais la conscience de l’être humain semble plutôt réagir à une volonté qui nous semble en tout cas libre et imprévisible. C’est ce que pense Bergson mais humblement, je n’en suis pas persuadé. On ne fait jamais rien pour rien sans une raison et selon une logique qui fait que si quelqu’un était à notre place dans notre tête dans les mêmes conditions, cette personne réagirait sûrement exactement de la même façon. Donc, nous sommes aussi fixe dans notre comportement et la liberté (pulsion d’agir et retenue morale) nous est dictée soit par notre raisonnement soit par nos passions et est teintée du jugement des autres même si minime soit-il. Donc, nous ne sommes pas vraiment libre comme le prétends Hégel. Ce qui est original, c’est que malgré cette constatation et le fait que nous en sommes complètement ‘conscient’, nous avons tout de même le sentiment profond d’être pleinement libre. Notre conscience (effet) aurait pour source le subconscient (une cause réelle mais inconnue et impossible à s’expliquer) ou l’inconscient (une cause réelle que l’on peut arriver à s’expliquer) tel que Schopenhauer le concevait ainsi que Freud. Nous serions donc toujours esclave de notre inconscient sans en être conscient. La preuve en serait l’hypnose ou un individu répondrait à une cause qu’il ne connaît pas. Donc, si c’est possible alors pourquoi dans la vraie vie ne serions-nous pas constamment en train de répondre à un dessein qui est indépendant de nous (transcendance) ? Notre volonté serait peut-être hors de notre propre volonté.
Les 3 instances psychiques selon Freud :
- le Ça : l’ensemble des pulsions primaires, inconscientes
- Le Surmoi : l’instance de surveillance des pulsions (les plaisirs et la mort) et l’intériorisation des interdits sous forme de principes moraux
- Le Moi : l’instance consciente et préconsciente qui doit gérer les conflits entre le Ça, le Surmoi et la réalité extérieure.
Sans vouloir aller plus loin sur l’interprétation de Freud qui ramenait les comportements marginaux à des refoulement d’ordre sexuel, dans le fond heureusement que tous les comportements n’ont pas été guéris, sans cela l’art n’aurait pas été ce qu’il a été ! Quels beaux tableaux divins et quelles belles musiques éternelles ont été sûrement créés par des névrosés marginaux réels ou apparents sous forme de chef-d’oeuvre ?
La seule façon que nous aurions d’être certain que ce que nous sommes et ce que nous percevons est la vraie réalité serait de sortir de notre corps sans tous ces artifices que l’on appelle sens et de ressentir le monde de façon pure à 100 %. Malheureusement, ce n’est pas possible…
Citation du jour
« La pratique est la seule théorie qui profite. » Daniel Darc, Petit Bréviaire du Parisien
Proverbe du jour
«Qui n'avance pas recule. » Proverbe latin